La nostalgie des montagnes.

Publié le par Anissa

La nostalgie des montagnes


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"Il m'arrive de répondre " moué " aux " sa va? " quotidiens. Quant aux " que se passe-t-il Anissa raconte à tata-tonton ", je rétorque un simple "rien". Mais c'est bien ça le problème. C'est quand il ne se passe rien que ma pêche d'humeur se résoud à des "moué" pathétiquement las, c'est quand ça ne se passe pas que ça se passe moué (mal)."

 

Le temps passe. Logique. Rien ne se passe dans les multiples péripéties de nos vies. Moins logique là, logique. Le temps lasse, mais c'est faux, on ne peut être lassé quand on vit à 65 km/h. Ce qui est un semblant de lassitude, c'est que ça ne se passe pas comme esprit sensoriel le veut. Pour le reste du temps, on le passe le temps et sans qu'il se passe lui-même. Incontournablement, ça lasse à force de vivre une vie géniale sans la désirer pour autant trait pour trait. Comme quoi l'Homme peut se contenter de peu de choses, finalement. Genre demander seuleument un bonheur constant et permanent pour ceux qui à eux seuls forment une vie et pour soi un coeur comblé. Vraiment que ça, sans pour autant obtenir en contrepartie la misère sociale puisque la richesse n'est pas spécialement demandée, y'en a qui s'arrêtent aux mots, dits et non-dits. Bref, le temps passe et par-dessus tout: nos envies, nos projets... nos envies. 


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Le temps passe et les jours s'amassent. Ils s'empilent comme du linge sale, à la différence qu'eux ne sont pas réutilisables. Une fois qu'une journée est terminée, qu'en reste-t-il? Un souvenir? Des notes? Un sourire? Tout ça n'est qu'éphémaire, surtout le sourire. Une seconde restera à tout jamais une seconde. Et à tout jamais cette seconde ne sera pas imitable. Tout est unique, non? Si. Le souvenir souvent existe pour tirailler, symbole de dilemnes cornéliens, ceux du bonheur sont rares. Mais le pire est que chaque fois que l'inconscient daigne se remémorer la joie, c'est quand il n'y en a plus. Donc, forcément, le souvenir idyllique est dans ce cas auto-destructeur : il arrive de se jalouser soi-même, en enviant le moment passé et l'autre soi qui l'a vécu. Et les notes? Les notes! Les notes... Les notes. Elles doivent sûrement être celles qui comptent le plus, pour un avenir, un espoir, une constrution... Elles sont pourtant celles auxquelles ont accorde le moins d'importance. 

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Zut. Note fait tristement penser à résultat. Or le résultat pourrait par conséquent être celui d'éphémaire. Résultat d'un souvenir? NON! Résultat... conséquence d'un sourire! Les notes jouent alors un gros rôle, et le monde qui le sait si peu. Mais... mais une note peut être autre chose qu'un résultat ?! Pourrait-on noter le sourire? Non... la réaction à celui-ci. Il faut bien répliquer, faire à son tour un sourire de star évidemment. Ou tout au moins son plus beau sourire, une réponse sincère... et dévouée (?) Mais le monde de Candide n'existe que pour ceux à l'imagination débordante, ou alors qui n'ont pas les pieds correctement sckotchés à terre. Il ne faut pas préciser que les êtres marchant dans les rues, dans les entreprises, dans les couloirs ne jouent pas un rôle du 7ème art en avançant. Souvent, les lèvres ne répondent pas comme il faudrait... ou elles ne répondent pas tout simplement. 

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La non-réaction à l'extra-sensationnel souhaité depuis toujours est dûe à la peur. Peur de devoir une fois de plus endurer la gifle de la réalité, celle qui met le rêve illusoire sur le bas côté. Dans le décor. Mais le monde est divisé en deux catégories dans ce domaine aléatoire: les peureux et les non-peureux. Ici, le peureux n'est pas le lâche, mais celui qui se voit dans l'obligation d'avoir peur, il a vu, vécu, subit, et ne veut plus renouveler le processus, donc reste dans une torpeur de resistance. L'autre, le "non-peureux" n'est pas non plus spécialement "courageux", dans ce lieu. Il n'a pas peur, point. Virgule: car il n'a pas à voir peur} son parcours a toujours été épopée et il n'envisage pas même la défaite, la confiance acquise à force de réussites accumulées. Le malchanceux jusqu'alors est, en somme de son vécu et de la nature humaine, dans la mesure de se braquer. Et donc de procéder à sa propre destruction, on y revient souvent, en se refusant le moindre petit essai. Les lèvres inertes en retour au magnifique sourire sont donc préalables. 

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Heureux est ce dernier quand il apprend que le sourire était conséquence d'une certaine croyance du donneur, en l'occurence celle de l'amour fou du receveur non avoué par sa timidité. Comme quoi le processus est omni-présent et que les miracles n'en sont guère. L'habitué ne peut de suite être crédule, et preuves à l'appui, c'est tant mieux: une défaite de moins à assumer. En fait, ce dernier est malheureux. 

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La journée (toujours la même ) se finit chaque soir (toujours le même) après au moins 12 heures (quotidiennement identiques ) et 1 million de minutes ( gouttes d'eau semblables ) comprenants des secondes plus neuves les unes que les autres. Chacune de ces heures se déroulent sans quitter une seconde la compagnie d'un décompte. On compte les minutes qui passent, pour qu'elles passent plus vite. Puis pour pouvoir ne serait-ce qu'apercevoir son rêve ambulant, car il ne faut pas oublier de préciser que le "malchanceux" vivant dans un monde totalement à l'envers ( où il a ce qu'il ne veut pas et n'a pas ce qu'il désire ) se résigne bien rarement à enterrer réellement sa glande d'espoir. Certes certains réussissent à la mettre dans un trou noir pour mieux l'oublier. Mais quelques temps seuleument, qui n'est pas humain? Chacun compte donc les minutes qui passent, pour qu'elles passent plus rapidement. Comment dire que le temps passe trop vite après ça? C'est pourtant le cas. Le monde comme la vie est illogique. 

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Tout le monde a ses propres montagnes, mais beaucoup les refoulent. Le syndrome est encré en chaque être, et comme tout microbe, ressort à des saisons précises. Ou imprécises, peu importe le temps. Les symptomes sont simples, mais d'un sarcastique! Il s'avère que petites marionnettes, les humains sont depuis la nuit des temps attirés par ce qu'ils ne connaissent pas, l'impossible, le trop fameux... c'est indéfinissable si l'on veut rester en bons termes avec sa santé mentale. Quoi qu'il en soit, l'espèce humaine veut ce qu'elle n'a pas. Ou veut voir ce qu'elle n'a pas vu. Ou goûter au pain qu'elle n'a jamais mangé. Obstinément lorsqu'elle ne peut atteindre son objectif, voilà le sarcasme. Physiquement, spirituellement même, quiconque est dans la possibillité d'y arriver, cela accentue la notion négative émanée tout d'abord par " la nostalgie des montagnes". La barrière se pose par l'action d'une destinée, d'un sort, d'un dessein... qu'en sait-on réellement? C'est une barrière invisible posée par une puissance incorporelle, qui agit en controverse à l'envie. Dans tous les cas, elle réduit sa victime au misérable état d'errance psychique. Un fouillis de "pourquoi?" pointus : "pourquoi ne puis-je pas?" "pourquoi n'ai-je pas?" "pourquoi ne puis-je pas avoir?"... "pourquoi ne puis-je pas voir, sentir et goûter... mes montagnes?". Celui qui a la nostalgie des montagnes, forcément, n'a jamais perçu la montagne. L'illogique est confirmé. Celles-ci varient en fonction de chacun, chacun étant comme chaque minute, seconde: unique. Les montagnes peuvent être celles de la mer, la liberté... ou celles vertigineuses et casse-cou de l'amour.

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Et le temps qui file, sans se retourner ...

Publié dans Octobre 2007

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