Accepter l'absurdité

Publié le par Anissartiste

Accepter l’absurdité

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Un soir de décembre, tandis que la nuit s’installait, je sombrais une fois de plus dans le tumulte de mes pensées. Ces moments, où vous regardez la vie en face, avec ses défauts. Et les vôtres. Ce ne sont pas de glorieux moments. J’avais tendance à trop souvent faire le bilan.

Ce qui est ardu, c’est de ne faire qu’un avec ses principes. Les actes ne suivent pas toujours nos valeurs morales, nos règles de vie. Parfois, elles ne sont que des étendards, flottants au-dessus des édifices de la raison, sans grande consistance dans les moments de faiblesse. Mais cela n’empêchera jamais qu’elles soient tenues pour vérités et admises avec sincérité, dans l’âme et par la réflexion.

L’hypocrite est un irrespectueux qui ment sur ses valeurs. L’humain conscient faille avec ses valeurs. Et malgré elles. Moi j’essayais de les rattraper jusqu’au bout, même au bord du précipice, avant qu’elles ne tombent complètement au fond du gouffre. Parfois, ça ne tenait qu’à un doigt, oui.
Mais c’étaient les miennes, quand même. Réellement. De toute évidence.

J’aurais bien pu essayer d'écrire un best-seller, parlant de sexe et d’amours compliqués, mais il y avait des choses pour lesquelles je n'étais pas faite. Les best-sellers niais à la Marc Levy ou à la E. L. James, les petits pois en boite, la simplicité dans les relations humaines, et cette époque-bête.
A chacun son truc…

Il est vrai que ce siècle ingrat ne m’allait pas. Rien ne me disait objectivement qu’une autre ère m’aurait plus convenue, mais c’était un ressenti. Toute cette technologie bouffant le cerveau des Hommes, ce monde de l’image, du paraître ; de la supercherie. "Les bons sentiments sont devenus ringards et la bienveillance s’est transformée en attaque permanente de la dignité d’autrui, tacite ou explicite."

Un monde sans limites ne peut être un bon monde.

Alors ce soir-là, comme bien d’autres, mes pensées avaient un léger goût de dégoût.

J’ai donc décidé d’arrêter la machine. Je me suis dit que ça allait passer, avec un peu de télé.

BFMtv diffusait le flot de conneries habituel. Ce pays me donnait envie de fuir, mais l’état de la politique internationale me donnait la nausée. J’ai opté pour le zapping de canal+, bon petit florilège de la débilité ambiante au sein de la société actuelle.

Pourquoi la fin du monde se fait-elle autant attendre ? Cette idée m’a traversé l’esprit, d’un coup. Une petite apocalypse remettrait les choses dans l’ordre…

J’ai éteint la télé. J’avais besoin de voyager. Voir d’autres endroits sur cette terre permet de libérer l’esprit ; le temps que ça dure. Avant, je m’imaginais devenir reporter et faire le tour du monde, un peu comme Antoine de Maximi. Vivre une vie de bohème, sans attaches territoriales, sans contraintes d’horaires, sans métro quotidien et autres frustrations délétères.

Les rêves d’ado.

Non, ça ne se passe pas ainsi. On ne se libère pas, on se coince, on s’enferme à tout jamais.

Et c’est avec une rapidité hors du commun (de nos jours, tout va trop vite) qu’on se retrouve derrière les barreaux d’une prison remplie de déceptions, de sourires jaunes, de réveils matinaux, de rencontres inutiles, de relations parasites, de désirs inassouvis, de passions égarées, de journées sans but, de mauvais sommeil, de manques de communication, de regrets transcendants, de prises de décisions sans finalités, de déceptions (X2), d’insatisfaction permanente, de dépenses bêtes, de bourrage de crâne médiatique,de post-it sur les murs pour se rappeler nos « objectifs », de cartes postales aux paysages devenus trop fades, de baisers sans sentiments, de chansons tristes, de disputes absurdes, etc etc, mais tout ça, tout ça,

tout ça sur fond de vide.

Un vide qui prend aux tripes, et s’accroche. Il restera, car notre époque n’enfante plus que des êtres presque dénués d’âme, des êtres sans cœur et sans cerveau en état de marche, des êtres qui ne vont nulle part. Partout où l’on ira désormais, on se cognera contre des murs.

Mais qu’à cela ne tienne, les années qui passent vous font comprendre que cette prison a un nom, et qu’elle s’appelle la vie.

De manière générale, malgré ma vision permanente sur le verre à moitié vide, je restais une fille pleine de vitalité, d’énergie, de motivation, d’ambition, sachant redonner la bonne humeur perdue aux vieux débris de l’humanité, et qui malgré ses faux pas, ses erreurs, ses failles, ses faiblesses, et toutes ses contradictions, essayait de faire au mieux.

Une fille au sourire contagieux, c'est ce que m'avait dit un petit homme effaré à qui j'avais indiqué Pôle Emploi dans la matinée. C’est mieux qu’un virus. Espérons qu'il dure, alors. Qu'il ne soit pas éphémère, comme tout.

Puis je fermai les yeux.

Je fis, ce soir-là, des rêves étranges. Il y avait question de sauver l’humanité.

 

Quelle absurdité.

 

 

                                                                                                                                        Anissa B.

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