Une occupation qui tourne mal pour les sans-papiers de Lille

Publié le par Anissartiste

Une occupation qui tourne mal pour les sans-papiers de Lille 

 

 

Ce mardi 06 mars, le CSP (Comité des Sans Papiers) de Lille, a occupé les locaux de l’association d’entre-aide AIDA-Emmaüs à Wazemmes, structure à laquelle il reproche un manque d’appui envers ses membres.

 

Depuis la matinée jusqu’en fin de soirée, 120 à 130 personnes ont ainsi décidé de montrer détermination et engagement pour la cause des sans-papiers ; on a compté également une cinquantaine de personnes à l’extérieur, venues soutenir les occupants. Leur revendication : outre la simple reconnaissance qu’on ne leur accorde toujours pas, c’est la régularisation de tous les sans-papiers qu’ils réclament, bien sûr, de manière pacifique.

 

Pourtant, lorsque les forces de l’ordre interviennent pour les faire évacuer, vers 21h30, le bilan est alarmant. C’est avec une violence inhumaine et sans aucune compassion que les policiers font reculer ces hommes et ces femmes : on compte une quinzaine de blessés, et deux personnes hospitalisées. Parmi eux, une femme enceinte, qui s’est évanouie après avoir été fortement heurtée par l’un des « gardiens de la paix ».

  =

Ces derniers, a décrit Samir, porte-parole du Comité et  occupant, ont eu un comportement intolérable. En plus des insultes raciales à leur encontre qui fusaient de partout, il explique que les policiers n’ont pas hésité à attirer les sans-papiers dans un couloir non-éclairé, afin de pouvoir distribuer coups de poings et de pieds sans être confrontés à des témoins. Nombre d’entre eux en ressortent avec un œil-au-beurre-noir ou plusieurs phalanges cassées.
=
Après ce triste événement du 06 mars, tous les adhérents du CSP dénoncent un traitement inacceptable des forces de l’ordre, qui selon eux, « n’ont pas hésité ainsi à violer les droits de l’Homme » et qui « n’ont eu aucun respect pour la dignité humaine » en montrant une fois de plus un mépris incomparable pour « des gens qui ne demandaient qu’à être entendus ».
=

Parmi les sans-papiers, des hommes et des femmes qui ont des enfants, des étudiants, des demandeurs d’asile, avec chacun une histoire personnelle, chacun déterminé dans son combat, et tous le droit de vivre comme tout le monde. Mais, c’est dans une précarité indéniable qu’ils vivent au quotidien, cumulant une situation juridique complexe à celle-ci, et vivant souvent dans la clandestinité. Chacun d’entre eux doit faire face à de nombreuses difficultés.  
=

Tous racontent leur peur de se faire contrôler simplement en marchant dans la rue, et d’être forcés de quitter le pays. Mais ils gardent quand même l’espoir permanent d’être un jour régularisés, c’est d’ailleurs cet espoir qui les pousse à continuer de se battre.
=

Cependant, avec le durcissement de la droite qui, selon leurs termes « se droitise » de plus en plus, leur tâche n’est pas facilitée. C’est aussi ce qu’ils dénoncent à travers occupations et manifestations régulières : « les lois racistes et fascistes » et les « idées xénophobes » mises en place par un gouvernement qui se rapproche de plus en plus de l’extrême droite dans un objectif de récupération de voies.
=

En effet, affirme l’un des occupants, « nous désignons directement ces fascistes qui avant, s’attaquaient aux Juifs, et qui aujourd’hui, comme Claude Guignol (nb : Claude Guéant), stigmatisent les Musulmans de France ».
=

De plus, pour eux, les actes de bavure policière dont ils ont été les victimes prouvent qu’en France, on n’a plus même le droit de s’exprimer : le pays des droits de l’Homme serait devenu le pays des droits du Français, pas plus.
=

C’est donc en scandant leur fameux slogan « Etat Sarkozy, Etat Policier », et en chantant haut et fort «Jean-Marie Le Pen original, Sarkozy Photocopie » que ces 130 personnes réunies ont démontré une fois de plus leur volonté de s’opposer à un gouvernement qui selon eux, ne défend pas les bonnes valeurs. Car les droits que ces hommes et femmes revendiquent, sont les droits fondamentaux, dont devrait bénéficier tout être humain.
=

Leurs idées sont claires : Quand certains peuvent se déplacer du Nord au Sud sans aucune barrière, pourquoi d’autres devraient être condamnés à l’immobilité ? En effet, les sans-papiers et bien d’autres personnes les soutenant, ne cessent de prôner le droit à la libre circulation (article 13 al.1 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme), et le droit à l’asile (convention de Genève de 1951 complétée par le protocole de New York de 1967), qui ne sont donc pas respectés en France.
=

« La Terre est à l’Homme, pas à des politiques qui décideront toujours de notre destin pour les intérêts d’une minorité exploitante. Surtout quand il s’agit de dirigeants d’une droite-extrême qui cherchent par tous les moyens à attirer les électeurs du front national », déclare Nordine, jeune étudiant Algérien qui soutient ardemment le combat des sans-papiers, vers la reconnaissance, et vers la liberté.
=

Et il ajoute en fredonnant, avec l’air empli de révolte et le regard audacieux, ces quelques paroles d’une chanson de Tiken Jah Fakoly : « nous aussi on veut connaître la chance d’étudier, la chance de voir nos rêves se réaliser, pouvoir voyager, avoir un bon métier, et connaître ce que vous appelez Liberté ».
=

Un jour, peut-être…

Par Anissa.B

Publié dans Juin 2012

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article