A une amitié perdue,

Publié le par Anissa

Il y avait de la belle musique

 



Il y avait de la belle musique. Elle ne cessait de danser. Un moment, elle s'arrêta. Inerte, allongée sur l'herbe, les yeux fermés, cheveux en bataille, elle resta ainsi de longues minutes. Il y avait, partout, de la douceur. Soudain, elle se leva, brusquement, avait l'air un peu folle, mais était belle. Il y avait sur la plaine, avec elle et la musique, un garçon, une fille, un vieux, une vieille et 2 enfants. Ils dormaient.

Elle s'approcha d'abord du garçon, si beau, le garçon, presque nu. Comme elle. Elle caressa ses lèvres, du bout des doitgs. Puis les entrouvrit doucement et enfonça avec force sa langue à l'intérieur de la bouche du garçon. Il se réveilla d'un coup, sourit, et aspira la sienne. C'était appétissant. Les deux jeunes gens se mangeaient lattéralement l'organe, mutuellement. Apetissant, tellement.

Cela dura une heure. Elle déshabilla alors le garçon entièrement, et elle aussi, puis s'allongea sur son corps nu, dans l'herbe. C'était beau. Simplement. Beau. La musique ne s'arrêtait pas. Le soleil était là. Pendant que les autres dormaient encore, elle ôta son corps de celui du garçon et recommença à danser. C'était une ivresse. Incessante. Ce dernier la regarda un temps, puis se rendormi doucement.

Quand elle s'arrêta de danser, cette fois, elle se dirigea vers la fille. Endormie. Elle ne la regarda pas vraiment, elle, mais elle avait l'air d'être sûre de ses gestes, c'était un peu étrange. Un peu mystique. Agenouillée à ses côtés, elle arracha une petite touffe d'herbe, ouvrit la bouche de la fille et la plaça dedans. Puis, tranquillement, s'abaissa et avec ses dents, enleva l'herbe, brindille après brindille, maintenant sa bouche ouverte. La fille était réveillée pendant l'opération, la regardait faire, la regardait intensément. Très intensément.

Quand elle eût terminé, elle se redressa et laissa la fille regarder son visage. Elle, gardait les yeux au loin. Avant de se lever et de s'enfuir en courant sur la plaine, elle posa sa main sur le sein de la fille qui poussa un gémissement. Un peu triste, le gémissement.

Elle courait, courait à s'en exploser les poumons. Il lui semblait même qu'ils saignaient, ces poumons. Elle savait que même fumer un peu pouvait vous mettre les poumons en feu lorsque l'on courrait à s'en arracher les jambes. Quand elle fût assez loin, au sommet d'une colline, il y avait devant elle un horizon de plaines verdoyantes, et le coucher du soleil. Elle sentait bien que son cerveau était encore grisé et aussi qu'il avait bien manqué de se noyer.

Elle resta debout, nue, devant l'horizon et le ciel, puis elle se mit à rire. Rire, rire, rire, rire, rire, rire. Et elle s'endormit, pas longtemps, au sommet de la colline. Quand le doux vent la réveilla, elle revint en sautillant. Une jambe après l'autre. Tous étaient encore endormis. Sauf la fille. Elle était partie.

Sur l'herbe où elle était allongée, c'était mouillé. Pieds nus, elle sentit que c'était mouillé. C'était à cause des larmes de la fille. Elle resta un instant dessus, puis s'en realla se réchauffer le corps et s'émerveiller le coeur en se rallongeant sur le garçon. Il remua légèrement, puis l'entoura de ses bras. Forts, ses bras. Elle resta les yeux ouverts, donnant des baisers réguliers aux lèvres du garçon.

Elle s'agenouilla alors à ses côtés et parcouru de ses mains son corps entier. Les caresses finies, elle le couvrit de baisers puis s'en retourna danser sur la plaine. Quand elle s'arrêta, le garçon avait disparu. Elle n'était pas vraiment surprise, mais elle se mit quand même à pleurer. Des torrents. Des torrents de larmes. L'herbe, sous ses pieds, se mouilla comme celle de la fille.

Soudain, le ciel se couvrit, l'orage se mit à gronder et des éclairs fusèrent sur les plaines assombries par la nuit. Simultanément, 2 éclairs tombèrent précisément à l'endroit où les 2 enfants étaient endormis. Ils les foudroyèrent. Brûlés, ils avaient encore la même position. La position du foetus. Une position très confortable.

 Elle hurla. Elle ne s'arrêtait pas d'hurler. Elle avait l'air plus desespérée qu'horrifiée. Ses larmes n'avaient pas cessé de couler. Sa voix commençait à se briser. Le goût du sang dans sa bouche ne l'empêcha pas de continuer. Elle avait froid. A la place de la belle musique, on entendait désormais des roulements de tambours angoissants. Mêlés aux coups de tonnerre assourdissants, cela faisait quand même de la musique. Elle n'était plus belle.

Criant toujours, elle fût frappé elle aussi par la foudre. Un éclair aigu, qui ne fît que la frôler. Elle était brûlée, elle était folle et desespérée, mais elle était aussi encore en vie.
Elle s'était remise, depuis un moment, à danser. Sa danse, cette fois, avait perdu sa légéreté, sa grâce naturelle. Sa beauté, simplement. C'était désormais une danse d'hystérie, de haine, de désespoir, une danse de la réalité.

D'un coup, elle cessa de sauter et d'hurler. Les 2 vieux dormaient encore. Calmement, elle alla vers les carcasses des vieillards, un peu brûlés toutes les deux, mais vivants eux aussi.



Publié dans Janvier 2009

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A
C'est pas une poésie.
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D
QUI n'en a pas?<br /> belle poésie ...amertume et beauté des mots..<br /> djila.
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