C'est la panne obligatoire.

Publié le par Anissa

Mal-être artistique

Pour moi, j'étais bien plus belle à 15 ans..


J'ai l'impression d'écrire toujours la même chose. J'ai l'impression d'écrire toujours en gris et toujours la même chose. Il reste sans doute de nombreux sujets à traiter, de nombreux états d'âme à mettre en mots, de nombreuses aventures à relater. Peut-être n'en ai-je plus qui me sont propres. Je crois que je vais cesser d'écrire, petit à petit. On a beau dire que c'est libérateur, que c'est beau et que c'est artistique, écrire, c'est aussi un peu auto-destructeur. C'est toujours plus simple de vivre les choses et de les accepter telles qu'elles sont que de les analyser, et même de les plaquer sur papier. Et puis je perds les mots. Je trouve que je savais mieux écrire avant. Là, il n'y a plus rien, mes phrases sont vides, il ne reste plus même la forme, cela ressemble même un peu à du langage parlé, parfois. C'est une sorte de gâchis.

Je disais aussi que j'aimais bien les belles photographies. Mais je n'ai pas vraiment de talent et très rarement de pellicule. Et mon mini-appareil photo numérique que je prenais partout avec moi, celui dont je me suis servi pour les photos dans ce blog, il est en état de décomposition et d'oubli. D'ailleurs, je ne vois plus ce qu'il y a d'assez beau à éterniser, autour de moi. Avant, je prenais aussi des photos de moi. Je voyais que tout le monde faisait cela et j'étais même contente de voir que je pouvais être pas mal dessus. Maintenant, je trouve inintéressant de prendre des photos de ce qui est toujours semblable. C'est comme photographier son téléphone portable sous différents angles, sans grande utilité. Notre tête, elle ne change pas. Et je suis pas souvent d'humeur à changer de coiffure.

Puis, il est vrai que le dessin m'attraye depuis la petite enfance. Cependant, je ne sais pas réellement dessiner. Chaque fois, le résultat est enfantin. Bien sûr, lorsque j'étais enfant, on pouvait dire que je dessinais bien. Mais aujourd'hui, je ne suis plus une enfant. C'est donc décevant. Et surtout incompréhensible.
Je ne dessine donc plus que sur mes tables, au lycée. C'est moche et brouillon, puis cela fait enrager les professeurs, mais moi, j'aime bien, depuis toujours, je dessine sur les tables à l'école, et c'est devenu comme naturel.
Cela vide un peu la tête, et puis fait passer les heures.
Je sais bien qu'en réalité, mes mains ont toujours besoin d'occupation, et qu'il leur faudrait un torse muslé d'homme aimé.

J'ai peinds une toile, une fois. C'était réussi et c'était de la vraie toile, celle qui coûte cher et qui est belle. On me l'avait offerte. J'avais recopié à ma façon un tableau de Dali, mon préféré, et aussi celui de mon père, c'est fou. C'est une fille à sa fenêtre qui regarde la mer, si je m'en souviens bien. La toile n'a jamais été accroché dans ma chambre. Je l'ai rangé dans un débarras et je m'en fichais de savoir peindre. En plus, je n'avais rien vraiment crée. Un jour, je l'ai revue au milieu de toutes les affaires entassées, inutiles, oubliées, jetées là l'une sur l'autre, car l'on ne savait qu'en faire. Je l'ai regardée et je me suis dit que les années avaient passé. Alors j'ai pris la toile dans ma chambre et je l'ai posé sur mon bureau. J'ai pris aussi mes pinceaux et de la gouache, puis j'ai saccagé ma peinture. J'ai mis des oiseaux en forme de V partout dans le ciel et même des gros points de toutes les couleurs. Ma mère n'a rien dit et un jour, elle m'a dit d'aller la jeter derrière le jardin. 

Je ne sais pas jouer de la musique. Je me dis que je ne serai jamais virtuose. C'est évident. Je n'ai plus vraiment l'envie d'apprendre. J'avais un peu commencé, et je savais les notes, mais j'abandonne souvent sans grande explication. C'est tant pis. 

Je danse comme les africains lors de leurs mariages et leurs fêtes traditionnelles le soir autour d'un feu, ou je ne sais plus trop quoi. Je me fiche de savoir danser correctement ou non. La grâce, cela ne s'apprend pas. On peut décider de bien se tenir, mais les mouvements du corps ne deviennent pas subtils et légers par simple volonté. Je ne sais pas si je suis grâcieuse. La danse classique et les ballets ne m'intéressent pas du tout.
Et je ne porterai jamais de collants et de tutu.

Avant, j'aimais beaucoup le théâtre. J'ai toujours été une bonne actrice dans les pièces de Molière et de Shakespeare. On a cela en soit, on parle tous les jours, on s'énerve tous les jours, on pleure tous les jours, on mange tous les jours, on crit tous les jours, on se bat tous les jours, il n'y a aucune difficulté à le faire aussi quand ce n'est pas spontané, car on y est vraiment habitué. Mais je n'ai pas poursuivi. Devenir acteur, je sais bien que c'est très rare, et c'est souvent tant pis pour le plaisir personnel, dans ces domaines, pour moi. C'est aussi inexplicable.

Coluche a dit "Dieu a créé l'alcool pour que les femmes moches baisent quand même". C'est dans la même logique que " il y a toujours un moment entre la 15ème et la 16ème gorgée de champagne où tout homme se sent aristocrate". Je ne pense pas que l'on ait tous notre chance ici. Et je trouve horrible que les effets de la bière se dissipent aussi rapidement. Cela m'embête aussi de paraître lugubre et desespérée. Ce sont les cris les plus sombres qui portent les plus grandes espérances. Si j'écris un peu partout aussi noir, c'est pour ranger l'obscurité quelque part. Je pourrais regarder le sol ou le ciel lorsque je marche, et ne parler à personne. Je ne dis pas que je regarde toujours droit devant moi et que je garde sans cesse le sourire. Non. Il faut mieux ranger. Et puis, rien ne va vraiment mal. Le mauvais se situe là où les manques se font ressentir. Il y a des insatisfaits permanents, et c'est ni volontaire, ni chipoteux. Il y en a qui ont conscience des lacunes, et qui ont conscience de la possibilité- lointaine- d'un bonheur humain.

Il y a aussi des gens meilleurs.
Où se trouve mon talent?
Ai-je du talent?
En quoi ai-je du talent?
Il faut du talent.
Et -pouvoir- l'exprimer.





 

Publié dans Octobre 2008

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